Face à un marché du cycle en pleine expansion, Intersport consolide sa position stratégique dans le secteur grâce à son fleuron industriel, la Manufacture Française du Cycle (MFC). Ce qui était à l'origine un pari audacieux s'est transformé en véritable success-story française dans l'univers du vélo.
Une renaissance industrielle emblématique
C'est en 2013 qu'Intersport, sous l'impulsion de Jacky Rihouet, son président à l'époque, a racheté la Manufacture Française du Cycle à la barre du tribunal de commerce de Troyes. Située à Machecoul Saint-Même en Loire-Atlantique, cette usine historique qui avait vu naître les célèbres vélos Gitane en 1930 traversait alors une période difficile.
L'histoire de cette manufacture est intimement liée à l'industrie cycliste française. Après avoir été le berceau de Gitane pendant des décennies, l'usine avait été acquise par Cycleurope en 1992. Mais au début des années 2010, une réorganisation stratégique conduisit au déplacement de la production des Gitane vers Romilly-sur-Seine dans l'Aube, laissant le site de Machecoul cantonné à la sous-traitance. Cette décision mal inspirée aboutit à la liquidation judiciaire de la MFC en 2013.
Le rachat par Intersport marqua le début d'une renaissance spectaculaire. À l'époque de cette acquisition, le site employait 200 personnes et assemblait 100 000 vélos par an. Douze ans plus tard, le bilan est impressionnant : l'effectif a plus que triplé pour atteindre 650 collaborateurs, et la production annuelle approche désormais les 300 000 vélos pour un chiffre d'affaires de 190 millions d'euros en 2024.
Une stratégie d'investissement payante
Pour mener à bien cette transformation, Intersport n'a pas lésiné sur les moyens. Le distributeur a investi environ 40 millions d'euros pour moderniser le site de Machecoul et développer l'activité. Ces investissements ont permis à la MFC de devenir le premier assembleur de vélos en France, tant pour les modèles musculaires classiques que pour les vélos à assistance électrique (VAE), un segment en forte croissance.
Cette stratégie d'intégration verticale était loin d'être évidente pour un réseau de distribution. Intersport a pris le contrepied des tendances de délocalisation en pariant sur le "Made in France" et sur l'expertise locale. Un pari d'autant plus audacieux qu'à l'époque, le vélo ne représentait que 2% du chiffre d'affaires de la coopérative. Aujourd'hui, cette proportion a quintuplé pour atteindre 10%, positionnant Intersport comme le deuxième distributeur de cycles en France.
Un portefeuille de clients diversifié
Si environ deux tiers de la production de la MFC est destinés aux marques d'Intersport (principalement la marque de distributeur Nakamura, mais aussi Sunn et EXS pour le réseau spécialisé), l'usine a su diversifier ses débouchés. Elle assemble également des vélos pour d'autres enseignes de la grande distribution, comme E.Leclerc, Coopérative U et Feu Vert.
La Manufacture Française du Cycle s'est aussi positionnée comme un partenaire privilégié des collectivités territoriales. Elle a notamment participé à la fabrication des Vélib' parisiens, des Naolib de Nantes ou encore des Star de Rennes, contribuant ainsi au développement des mobilités douces dans les grandes agglomérations françaises.
La marque Nakamura : fer de lance de la stratégie VTT
Pour Intersport, le vélo constitue un secteur particulièrement adapté au développement d'une marque de distributeur forte. Nakamura, avec sa MDD emblématique dans le domaine du cyclisme, a progressivement gagné en popularité sur le marché français du VTT grâce à un excellent rapport qualité-prix et à une conception répondant aux besoins des pratiquants.
La gamme de VTT Nakamura, entièrement assemblée en France dans l'usine de Machecoul, bénéficie de l'expertise technique des équipes de la MFC et d'un contrôle qualité rigoureux. Cette production nationale permet également une plus grande réactivité face aux évolutions du marché et aux tendances de consommation.
L'innovation au cœur de la stratégie
Si la MFC est aujourd'hui le premier assembleur de vélos en France, c'est aussi grâce à sa capacité d'innovation, notamment dans le domaine des vélos à assistance électrique. Ce segment en pleine expansion représente un axe de développement majeur pour l'entreprise.
En investissant massivement dans ce domaine, Intersport et la MFC ont su anticiper l'évolution des mobilités urbaines et les nouvelles attentes des consommateurs. Cette vision stratégique a permis à la coopérative de se positionner comme un acteur incontournable du marché français du cycle, capable de rivaliser avec les grandes marques internationales.
Des perspectives prometteuses
Fort de ces succès, Intersport entend bien maintenir sa position de leader dans l'assemblage de vélos en France. La demande croissante pour les mobilités douces, l'engouement pour le vélo comme activité sportive et de loisir, ainsi que les préoccupations environnementales des consommateurs constituent autant d'opportunités de développement pour la MFC et les vélos assemblés en France.
En conjuguant production nationale, innovation technique et distribution à grande échelle, Intersport a réussi à créer un modèle économique vertueux qui réconcilie industrie locale et commerce de masse. Un exemple qui pourrait inspirer d'autres secteurs face aux défis de la réindustrialisation française.
Toute la gamme VTT Nakamura sur le site Intersport.